#Zéphir de Chastel
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selidren · 9 months ago
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Eté 1916 - Champs-les-Sims
3/15
Ce qui est certain, c'est qu'il l'a aidé à traverser son deuil, et elle parle toujours de lui en bien, quelle que soit la tension qui ait pu exister précédemment. Ils traversent au quotidien les mêmes difficultés, les opérations chirurgicales périlleuses, la détresse des malades et leurs propres angoisses. C'est selon elle un quotidien étrange, où l'on côtoie à la fois la misère des vies brisées par les batailles et la nécessité de rappeler aux patients que les statues du collection du hall d'entrée ne sont pas un support à graffiti.
Transcription :
Rose « Par quoi commencer… Je le connais depuis toujours, nous avons presque grandit ensemble. C’est un grand timide et pourtant, nous nous ressemblons beaucoup. Nous voulions tous les deux quelque chose qui semblait hors de notre portée, alors nous nous sommes naturellement rapprochés. L’amour est… oui je dirai qu’il est venu naturellement, comme une sorte d’évidence. Il a un optimisme indécrottable, il m’a rassurée et soutenue tant de fois que je serai bien en peine de les compter, avant même que je me rende compte de ce qu’il est réellement pour moi, avant que je ne réalise qu’il a toujours eu tendance à s’oublier pour moi. Quand on m’a remis dans les mains mon diplôme, j’ai vu tant d’amour et de fierté dans ses yeux que je me suis jurée que ce serait son rêve que nous réaliserions après cela. Pourtant, au final, ce n’est jamais arrivé. »
Armand « La guerre... »
Rose « Cette saleté de guerre oui ! Dans sa famille, on est militaire de carrière, il n’a pas pu y échapper. Crois moi pourtant quand je te dis que j’ai essayé. Mais il n’y avait pas que cela. Il a renoncé, lui le grand optimisme qui m’a toujours vue devenir médecin, il s’est enterré dans cette carrière héréditaire qu’il a toujours considérée comme médiocre. Sans doute étais-je aveuglée par ma propre réussite, ou alors je me disais qu’une fois la guerre finie, il pourrait démissionner et faire fis des convenances. Tout cela a été balayé quand cette tranchée s’est effondrée sur lui. »
Armand « Il est arrivé la même chose à un de mes cousins. Il venait d’avoir vingt ans et il voulait passer un brevet de pilote quand tout serait fini. »
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selidren · 9 months ago
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Eté 1916 - Champs-les-Sims
2/15
Elle y a retrouvé un ancien camarade de classe de la faculté de médecine qui a travaillé au dispensaire français à Londres, un certain Armand Pradin (ou Pradier, je ne sais plus). Il a été appelé en qualité de chirurgien au début de la guerre. Elle n'avait jamais vraiment parlé de lui avant, mais j'ai cru comprendre qu'ils étaient plus ou moins amis, et qu'il a assisté de très près au pire horreurs quand notre vaillante armée a repoussé les envahisseurs à Verdun.
Transcription :
Armand « C’est incroyable de te retrouver par hasard après toutes ces années. Cela fait au moins… quatre ans depuis la faculté. »
Rose « En réalité, nous nous sommes revus au gala pour le dispensaire français à Londres. Tu étais assis près de moi pendant la représentation au Gaiety. Je crois que tu ne m’as pas reconnue. »
Armand « Vraiment ? Tu m’en vois désolé. »
Rose « Ce n’est rien tu sais. Il y avait une célébrité sur scène à ce moment. Et si mes souvenirs sont bons, tu étais bien plus intéressé par les jeunes femmes célibataires qui pouvaient croiser ta route, alors que j’étais accompagné de mon mari. As-tu finalement trouvé une femme qui veuille bien de toi ? »
Armand « On peut dire que tu n’y vas toujours pas par quatre chemins. En effet, je me suis marié un mois avant la guerre. Elle s’appelle Cécile, et elle doit supporter mon caractère puisqu’elle a dis oui de son plein gré. Quand ce sera fini, je devrai te la présenter. Et tu pourras me présenter ton mari. »
Rose « A vrai dire, Zéphir est décédé en Meuse l’année passée. Mais je serai ravie de rencontrer ta Cécile. »
Armand « Bon sang, je suis désolé. Et dire que je me moque de toi alors que je suis toujours aussi indélicat. »
Armand « D’ailleurs, à ce propos… je suis vraiment désolé pour le reste. »
Rose « Désolé pour quoi ? »
Armand « Tu sais… tout le reste. Tout ce pour quoi je ne me suis jamais excusé avant. J’étais un jeune crétin. Non pas que cela m’exonère de quoi que ce soit… Ce que je veux dire, c’est que quand j’y repense… je suis mortifié. »
Rose « C’est vrai que cette période n’a pas été facile. Au moins tu le reconnais. »
Armand « Je n’ai pas vraiment de mérite. Ma Cécile est médecin aussi. Tout ce que tu as vécu, elle l’a vécu aussi. C’était la petite jeune femme blonde qui était deux années en dessous de nous. »
Rose « Ah oui, la petite chose qui gardait les yeux baissés dès qu’un étudiant ou un professeur s’adressait à elle. A elle aussi ils lui ont fait la mauvaise plaisanterie de lui tourner le dos pendant toutes les premières leçons ? »
Armand « Oui... »
Rose « La pauvre. Je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de parler avec elle et je le regrette. Moi au moins, quand j’étais à sa place, j’avais mon mari… enfin il était mon fiancé à cette époque. Il a toujours compris, et il n’a fait que m’encourager. Je pense que je lui doit en partie d’être allée jusqu’au bout. »
Armand « Comment était-il ton mari ? »
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selidren · 9 months ago
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Eté 1916 - Champs-les-Sims
1/15
Cher cousin Jules,
J'espère que cette lettre vous trouvera toujours en bonne santé et heureux avec votre famille. De notre côté, nous avons appris juste après notre dernière lettre que Félix, le mari de Juliette, a été porté disparu au front. La pauvre est inconsolable car trop lucide pour ne pas comprendre que cette formule ne laisse aucun espoir. C'est une femme pragmatique, alors pour tromper son chagrin, elle a entrepris de rejoindre une formation pour devenir infirmière à la Croix Rouge. Elle a rejoint Rose dans un hôpital de Compiègne.
La semaine passée, Rose est d'ailleurs venue se reposer à la maison pour sa permission. Elle est bien évidemment toujours la bienvenue au Domaine de Chastel, mais elle assure que depuis la mort de son mari, elle ne peut plus y mettre les pieds sans que cela lui fasse mal. Elle envisage d'acheter une maison plus à sa taille dès la fin des combats, et bien entendu, elle exclu de jamais se remarier. Elle a à peine trente ans, et la voilà déjà veuve.
Elle nous a donc raconté son quotidien derrière les lignes de front où elle se trouvait au début des hostilités. Malgré toute son angoisse, Madame Eugénie était très fière d'annoncer à toutes les autres mères du village que sa petite-fille était la deuxième femme médecin appelée par l'armée française durant toute son histoire. En effet, je ne sais pas comment cela se passe au Canada, mais il n'y a qu'une seule autre femme comme notre Rose quelque part dans un hôpital de campagne. Il faut dire qu'elles sont en substance encore assez rares à obtenir le diplôme. Après le décès de Zéphir, elle a demandé à être affectée en tant que civile dans une maison de repos de la Croix Rouge pour s'occuper des soldats gravement amputés, elle elle nous avait écrit alors qu'elle ne voulait plus voir un seul homme mourir sous sa garde. Elle a dès lors été affectée dans son un hôpital à Compiègne, installé dans une très belle résidence.
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selidren · 10 months ago
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Printemps 1916 - Champs-les-Sims
2/9
Je suis néanmoins heureuse de vous savoir, vous, auprès de votre famille. J'espère que vous souffrez moins que nous des privations et des réquisitions de la guerre. Jusqu'à peu nous n'étions pas tant touché que nous pouvions compter sur les fermiers alentours comme nous l'avions toujours fait. Même si Madame Eugénie s'est mis en tête il y a quelques années d'imiter les menus bourgeois de Paris (les mêmes qu'affectionnaient tant nos regrettés cousins de Chastel), les produits étaient aisés à se procurer et le talent culinaire de Madame Legens faisait le reste. Cependant, en quelques semaines, nous sommes passés à un quotidien plus simple et frugal.
Les Norel, qui nous fournissaient l'essentiel des produits animaliers subit maintenant les réquisitions militaires et il a fallut dire adieu à nos belles poulardes à la crème. De même, nous ne mangeons guère plus les délicieuses pâtisseries de Madame Legens, faute d'approvisionnement en sucre à l'épicerie et la farine est désormais exclusivement réservée à la fabrication du pain. J'ai connu une enfance modeste, et j'ai un peu honte d'avouer que je me suis trop vite habituée aux mets raffinés. Néanmoins, je me suis acclimatée tout aussi vite à notre nouvelle situation. Ce n'est malheureusement pas le cas des enfants, en particulier de Sélène et Cléo, qui se plaignent des menus à chaque repas. Antoine a bien vite compris de quoi il en retournait durant les leçons de morale à l'école. Quand à Noé, cette enfant ne se plaint jamais.
Transcription :
Sélène « Grand-Mère, qu’est-ce que c’est ? »
Eugénie « Une purée de pommes de terres. »
Cléopâtre « Quoi ? Pas de viande ? »
Eugénie « Voyons Cléopâtre, dans une telle période, Dieu conseille de ne pas consommer de viande à chaque repas. Et il y a tout de même du lait dans la préparation, et même un peu de muscade. »
Cléopâtre « Sélène, regarde… *beuargh* »
Sélène « Dégoutant... »
Eugénie « Mais enfin jeune fille ! Ce ne sont pas des manières à avoir à table ! »
Cléopâtre « Mais c’est pas bon, c’est tout. D’ordinaire nous mangeons mieux que ça. Nous avions de la poularde hier au déjeuner. »
Sélène « Çà c’est vrai ! »
Eugénie « De la poularde, il n’en a plus. Contentez-vous de ce que l’on vous sert et je ne veux entendre vos jérémia… Cléopâtre ! Arrête donc avec tes grimaces, tu as passé l’âge.»
Sélène « Hi...hi...hi. »
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selidren · 1 year ago
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Eté 1915 - Gouy-en-Servins
1/10
Cher cousin,
Laissez moi dans un premier temps vous rassurer. Constantin et moi-même nous portons bien, en tous cas aussi bien que cela soit possible alors que la bataille fait rage non loin de nous et qu'on peut nous appeler d'un jour à l'autre pour assister les autres régiments dans l'Artois. Près de là où nous sommes, à Villers-au-Bois, j'ai entendu dire qu'il y avait des canadiens, peut-être finirons nous par nous croiser.
Malheureusement, notre famille est en grand deuil et craint pour nous plus que jamais. Sachez que nos cousins Constant et Zéphir ont été tués plus tôt cet année. Une affreuse bataille a fait rage au Vauquois, dans la Meuse, et ils y étaient tous deux en poste. Zéphir nous a quitté en premier, pris dans l'effondrement de sa tranchée lors d'une attaque ennemie. Quand à Constant, il est de toute évidence tombé sur une mine. Grand-Mère m'a écrit qu'il ne restait de lui plus assez pour pouvoir le mettre dignement en terre. Pauvre Grand-Mère... J'aimerai tant pouvoir être à ses côtés, car je la devine effondrée, inconsolable, elle qui a déjà perdu tant de choses. La nuit, quand j'entends le fracas des bombes au loin, je vois mes cousin dans mes rêves comme des ombres écorchées et torturées, puis je me réveille en sueur. Les cauchemars me tourmentent depuis des mois maintenant, mais je vous prierai de ne le répéter à personne. Tout le monde à la maison est déjà bien assez inquiet pour moi.
J'ai bien entendu écrit à Rose, qui a perdu bien plus qu'un cousin, un mari. Quand elle a pris le temps de me répondre, elle m'a précisé que quelque part, la montagne de blessés qu'on lui envoie chaque jour est une bénédiction, car cela l'empêche de penser et ne lui laisse que peu le loisir de pleurer. Elle bouge sans cesse, si bien que je ne sais dans quel hôpital de campagne elle est actuellement affectée.
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selidren · 1 year ago
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7/10
Je crois que la dernière fois que je vous ai parlé de mon fils Alexandre, il était encore à un âge où je lui faisais réciter ses tables de multiplications. Il a aujourd'hui dix-huit ans, c'est presque un homme fait, mais avec l'état d'esprit qui va à la jeunesse de notre temps, fougueuse et avide de reconnaissance. Si vous le croisez un jour, il se peut que vous le reconnaissiez immédiatement tant il me ressemble trait pour trait, si ce n'est la flamboyante chevelure des Le Bris.
Dans tous les cas, je ne sais quelle folie a traversé son cerveau quand il est allé au bureau de recrutement de Seraincourt, quelques mois après mon départ et sans l'aval de sa mère, pour s'engager avant même d'en avoir l'âge. Je ne m'explique pas qu'une telle chose soit possible, car il a encore une figure d'adolescent qui aurai demandé que l'on vérifie son identité avant de l'incorporer. En tous cas, le voici au front, loin de moi et de sa famille, sur les champs de bataille de l'Artois où l'artillerie fait tomber un enfer de bombes et de flammes. J'en suis réduit à une si folle angoisse que je ne sais si j'ai hâte de le revoir ou non. Car si j'évalue les transformations de mon propre caractère alors que je me suis assez peu battu, j'ose à même imaginer ce qu'un feu nourri va infliger à un garçon à peine sorti de l'enfance et pousser par des ambitions de grandeur naïves.
Pire que cela, je vois en cauchemar (dans ces fameux cauchemars que j'imputais, dans mon déni, au décès de mes cousins) sa mort prochaine et imminente. Quand vous entendrez siffler les bombes à votre arrivée, figurez vous que chaque hurlement strident me fait imaginer le pire. Je sens alors mon coeur s'emballer et mes oreilles bourdonner d'une sourde appréhension qui me coupe presque les jambes. Car, durant un bref et fatal instant, j'ai la sensation que cette peur est une réalité. Je me permet alors de rectifier que les cauchemars ne me tourmentent pas que la nuit, mais que je les vit comme une sorte de réalité tangible même quand je suis éveillé. Voilà où m'on conduites les angoisses sournoises qui me traversent depuis la naissance de mon fils.
Transcription :
Adelphe : Je... j'ai des pensées noires ces derniers temps. C'est pire depuis que nous avons appris pour Constant.
Constantin : Des pensées noires ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
Adelphe : De mauvaises pensées, des pensées tristes. J'ai beau te dire de ne pas penser au passé, je n'arrive pas à m'en empêcher moi-même. Je songe à ma mère assez souvent, mais aussi à tes parents, à Tante Daphné. Enfin bref, à ceux qui ne sont plus là. Leurs images tournent dans ma tête jusqu'à l'obsession.
Adelphe : Et voici que mon fils s'engage dans la guerre... Le pauvre idiot... J'ai fait tout ce que je pouvais pour le tenir loin de tout ce qui pouvait lui faire du mal et lui il...
Constantin : Adelphe...
Adelphe : Je ne peux rien faire, rien du tout. Quand j'arrive à trouver le sommeil, je me retrouve le plus souvent dans le no man's land, au milieu de la pluie de feu. Alexandre est devant moi, il mène l'assaut comme une espèce d'officier. Je l'appelle, je lui dit d'aller se mettre à l'abri, mais il ne m'entend pas. Et finalement il... on lui tire dessus et... Seigneur... Je vois mon fils mourir en rêve presque toutes les nuits...
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selidren · 1 year ago
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Champs-les-Sims - Eté 1908
6/10
Cher Monsieur,
Sur la suggestion d'Adelphe, mon beau-frère, je joins à la lettre de mon mari ce feuillet. Selon lui, Constantin ne sera pas en mesure de donner une vue d'ensemble des nouvelles concernant notre famille, et je dois avouer que je suis d'accord avec lui sur ce point. Permettez donc moi de me présenter, je suis Madame Constantin Le Bris. Et mon époux étant avant tout mon partenaire, je m'offre de le seconder dans sa correspondance personnelle, une tâche très complexe pour lui.
Il ne vous en a pas parlé, mais il est actuellement en froid avec son cousin Constant, de même que de nombreux membres de la famille. Si vous ne le saviez pas, Constant de Chastel est un militaire de carrière, de même que son frère Zéphir, mais davantage par défaut que par vocation. C'est pour cette raison que nous devons à présent investir nos fonts propres dans notre future expédition vers Thèbes, car notre mécène s'est retiré. Tout cela à cause d'une brouille qu'on pourrait qualifier de stupide. Lors de notre dernier diner au domaine, Constantin s'est plaint des contraintes que faisaient peser les autorités militaires anglaises pour obtenir des permis de fouille en Egypte (trois fois rien en réalité, mais Constantin n'a aucune patience pour l'administratif). Constant a attrapé la mouche et souligné qu'il trouvait ces propos offensant, car on ne cesse d'attaquer la probité des armées nationales en Europe ces temps derniers. Mon époux a ensuite enchéri (avant que j'ai eu le temps de l''arrêter) que c'était assez naturel car chacun avait enfin percé à jour que l'armée est un repaire de conservateur et de monarchistes ("la pire engeance qui soit", commente Constantin par dessus mon épaule). C'est un fait, comme l'a souligné Zéphir, mais il n'a fallut que cela pour que la conversation tourne à un quasi pugilat entre les hommes autour de la table. C'est Eugénie qui s'est finalement levée, outrée, et a envoyé chacun de ses petit-fils dans une autre pièce comme une mère qui envoie ces enfants au coin. Cela mit un terme à la dispute. Je suis soulagée qu'Eugénie ait eu l'ascendant, car malgré sa stature et ce qu'il aurait tendance à affirmer, Constantin n'est pas taillé pour les rixes à coups de poings ("Tu pourrais quand même reconnaître que j'ai une bien meilleure allonge que lui, c'est un avantage certain", renchérit-il à l'instant). Cependant, cela a piqué la fierté de Constant, qui refuse à présent de nous parler. Mais comme tout, cela passera.
Je pense que vous serez également heureux, sur un autre ton et dans un registre plus réjouissant, d'apprendre les fiançailles de sa petite soeur Juliette. Elles sont survenues l'année passée et c'est une bonne nouvelle, car il devenait compliqué de juguler leurs élans d'affection impulsive.
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selidren · 1 year ago
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Champs-les-Sims - Automne 1914
4/6
Il y a de cela quelques semaines, j'ai attrapé une petite fièvre en restant dehors trop longtemps. En effet, depuis le départ d'Adelphe, c'est à moi qu'incombe de gérer l'affaire familiale. Il a mis l'affaire entre les mains d'un oncle de Marie, mais il a besoin de moi pour chapeauter l'ensemble bien que je n'y connaisse absolument rien. Par la force des choses, j'ai beaucoup appris, mais sans doute au détriment de ma santé. Fort heureusement, on peut faire confiance à Madame Eugénie pour veiller à ce genre de détails.
Transcription :
Eugénie : Reposez vous donc ma chère. Vous n'êtes bonne à rien dans un tel état.
Albertine : Je n'ai pas vraiment le loisir de vous reposer.
Eugénie : Vous vous surmenez. Cela doit cesser. C'est admirable de vous voir prendre tellement à coeur les responsabilités de cette famille mais...
Albertine : Parce que c'est aussi ma famille.
Eugénie : Cela va sans dire. Je voulais simplement signifier que vous n'avez pas à prendre autant de responsabilités sur vos épaules. Déchargez vous sur moi.
Albertine : Ce ne serait pas convenable. Je suis encore jeune, tandis que vous...
Eugénie : Je sais où vous voulez en venir mais croyez moi, je suis bien portante. Pour une femme de mon âge, c'est tout bonnement miraculeux, alors autant en profiter. Cela me permettra peut-être d'oublier que j'ai laissé partir quatre petits-fils à la guerre. Je ne dors pas beaucoup mieux que vous vous savez.
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selidren · 1 year ago
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Champs-les-Sims - Automne 1914
1/6
Cher cousin (ou cousine),
Nous voici en guerre. Quel malheur ! Comme bon nombre d'entre nous, il me semblait que la paix n'aurait jamais de faim. Pire encore, voici que nos hommes sont soumis à la conscription. J'ai du laisser Constantin rejoindre un bataillon, bien malgré moi et malgré lui. Pour mon plus grand soulagement, il a été affecté à la logistique et je prie chaque jour pour qu'il n'ait jamais à vivre ne serait-ce qu'un instant de combats.
Tous les autres hommes du village sont partis. Parmi les plus âgés, nombreux ont été les volontaires, persuadés que la guerre serait l'affaire de quelques semaines. Il n'y avait guère que nous, les mères, pour réellement s'en émouvoir semble-t-il, peut-être se rappelleront de nos mises en garde d'ici quelques temps. Quand Adelphe et les deux Messieurs de Chastel sont partis, Madame Eugénie a versé toutes les larmes de son corps, et elles n'ont fait que redoubler quand la mobilisation de Constantin a été confirmée, en dépit de son inaptitude manifeste. Et malgré mes tentatives pour la rassurer, je dois admettre que je suis également terrorisée à l'idée de recevoir un jour une de ces lettres du ministère de la guerre nous annonçant la mort d'un de nos maris. Je prie le Seigneur qu'il nous en préserve encore. Que dirai-je à mes enfants si jamais leur père ne revient pas ? Ou qu'arrivera t-il si Constantin ou Adelphe venaient à perdre l'autre ?
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selidren · 1 year ago
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Printemps 1906 - Champs-les-Sims
4/19
Voyant cela, Grand-Mère s'est bien sur pressée de mettre sur pieds le mariage de la décennie. Selon ses propres mots, on ne marie pas l'héritier de la famille Le Bris tous les jours. Si Constantin s'est vite agacé par son attitude enjouée et pressante, je la comprends quand à moi. Mis à part Tante Daphné, Grand-Mère n'a jamais pu marier ses enfants comme elle l'aurait souhaité. Oncle Matthieu s'est uni contre le gré de sa mère dans la clandestinité, ma Mère, durant la brève période où elle fut héritière, n'a jamais eu cette chance, et Tante Lucrèce n'était de toute évidence pas candidate au mariage.
Je me demande où elle est aujourd'hui. Et repenser à elle ainsi me remplit de tristesse. Son départ m'a en quelques sortes coûté une autre mère. J'aimerai simplement savoir si elle va bien.
Mais peut importe. Tous ces préparatifs ont cependant été subitement mis à l'arrêt par un tragique événement : la mort subite de Servais, mon beau-père. Comme vous le savez peut-être, il était instituteur de la République et enseignait aux enfants du village à l'école publique. En pleine leçon de morale, il a soudainement été pris d'une douleur au coeur et s'est effondré devant ses élèves. Son coeur s'est simplement arrêté de battre et les pauvres enfants ont assisté impuissant à son décès. Mon petit Alexandre, qui avait alors sept ans, était de ceux-là, et comme les autres, il a vécu à cette époque une passe très difficile. Moi qui espérait préserver mon fils le plus longtemps possible, le Seigneur lui a envoyé cette épreuve malgré tout. Rassurer mon fils a pris toute mon énergie et a convaincu Grand-Mère de mettre une halte temporaire aux préparatifs du mariage.
Transcription :
Alexandre : Qu'est-ce que vous étudiez Tante Rose ?
Rose : Un essai du Docteur Camille Guérin. Il étudie la tuberculose et j'espère pouvoir un jour être à sa hauteur.
Alexandre : C'est un bon médecin ?
Rose : C'est un vétérinaire.
Alexandre : Pourquoi lire le livre d'un vétérinaire si vous voulez soigner des êtres humains ?
Rose : Car il serait idiot de penser que ce qui atteint nos animaux domestiques ne peut nous atteindre nous. Ses travaux aideront beaucoup de gens, j'en suis sure.
Alexandre : Vous voulez dire que quand le chien de Cousine Jeanne m'a mordu, il aurait pu me transmettre une maladie ?
Rose : Peut-être. Tu as bien nettoyé la plaie ?
Alexandre : Je ne me souviens plus. C'est Maman qui s'en est chargée, en tous cas, ça m'a fait très mal. Ensuite, elle a mis un produit très désagréable dessus et elle a bandé ma main.
Rose : C'est bien, c'est important de bien nettoyer un plaie, c'est un mode de transmission très commun de l'animal à l'homme.
Alexandre : Tant mieux... mais si ça a été mal fait, il faudra me couper la main ?
Rose : Pour éviter la nécrose, il faut amputer parfois oui.
Eugénie : Enfin, Rose !
Eugénie : Veux-tu cesser de raconter ce genre de choses à cet enfant ? Inutile de le troubler davantage.
Rose : Il pose des questions Grand-Mère, et il déteste qu'on élude le sujet. Lui mentir ne serait pas lui rendre service.
Eugénie : Seigneur, qui te demande de lui mentir ? Contente toi d'atténuer certaines réalités. Lui parler de maladie, d'amputation... Tu veux lui faire encore plus peur ? Des fois je me demande si ton frère n'a pas déteint sur toi.
Juliette : Il parle beaucoup de la mort en ce moment.
Eugénie : En tous cas, faisons notre possible pour qu'il sorte apaisé de cette épreuve. Donc, plus de discussion sur la tuberculose ou que sais-je encore.
Juliette : Si il te pose des questions, parle lui plutôt des remèdes Rose. Des vaccins, des gens qui guérissent miraculeusement du cancer. C'est ce que je fais, et je l'entends moins pleurer la nuit.
Eugénie : Remercions le ciel dans ce cas, et espérons qu'il n'ait plus jamais à voir la mort en face.
Eugénie : Et stoppons cette affreuse discussion. Il est temps d'évoquer les fiançailles de Rose.
Juliette : Ah, tu vas enfin te fiancer avec Zéphir ? Et tu ne me l'avais même pas dit ?
Rose : Parce qu'il ne s'est encore rien passé. Zéphir et moi prenons notre temps.
Eugénie : Tu sais que ce n'est pas prudent ma petite. Je ne suis pas rassurée que tu vives ainsi à la ville chez ton cousin tout en étant célibataire. Je préférerai te voir avec un mari au bras...
Rose : Plutôt que je ne m'enfuisse avec un de mes camarades de classe. Pourquoi attendez-vous toujours le pire de moi Grand-Mère ?
Eugénie : J'ai confiance en toi, ce sont tous ces hommes avec lesquels tu étudie qui m'inquiètent. Leur esprit doit être rempli de mauvaises pensées en te voyant.
Juliette : Il faut épouser Zéphir alors ! Avec une bague à ton doigt, ils arrêteront de te regarder. Le problème serait réglé n'est-ce pas ?
Eugénie : Tout à fait ma chérie. Si seulement ta soeur faisait preuve de la même jugeote que toi.
Rose : Mais enfin, arrêtez de monter en épingle la moindre de vos idées... Je ne risque rien en étudiant avec eux, et aucun ne me regarde. Ils regardent le professeur et prennent des notes. Ils sont comme moi venus étudier, pas pêcher la demoiselle comme on ramasse une prostituée dans la rue.
Eugénie : Rose !
Juliette : Qu'est-ce qu'une prostituée Grand-Mère ? Rose en est-une c'est cela ?
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selidren · 2 years ago
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Eté 1901 - Champs-les-Sims
24/25
C’est sans doute à ce vivier si particulier que nous devons également la personnalité de notre petite Rose. Si j’ai tenu le rôle de figure fraternelle, elle a grandit entourée de figures féminines qui lui ont inculqué à leur insu une certaine indépendance, et j’ai sans doute contribué à la situation. Elle a en outre hérité de la pugnacité de son père, ce qui explique sans doute qu’elle n’accepte de faire que ce qui lui plait. Juliette, à sa façon, est également de cette trempe. Nous formons une fratrie un peu particulière en somme.
Transcription :
Jeanne : Rose ! Où étais-tu donc passée ?
Rose : Pas bien loin cousine. Je suis montée dans les chambres pour me reposer un peu, les conversations de ces messieurs sont épuisantes.
Jeanne : Je ne te le fais pas dire. Ce Monsieur Hautbourg est extrêmement grossier, il n’hésite pas à couper la parole sans vergogne pour orienter la conversation vers ce qui lui plait. Et le pire, c’est que ton frère lui a emboité le pas. 
Rose : On ne peut pas en couloir à Constantin, vous savez comment il est. Il ne pensait pas que cela vous fâcherai.
Jeanne : Oh je ne lui en veux pas, c’est un gentil garçon à sa manière et... attends donc ! Zéphir était avec toi là-haut ? Sans chaperon ?
Jeanne : Vous vous êtes éclipsés un certain temps et... Seigneur Dieu ! Rose !
Rose : Ce n’est rien cousine. Personne ne nous a remarqué. 
Jeanne : En fait si, moi. Mais à pensais-tu ? Bon Dieu, tu es la fille la plus maligne que je connaisse, je n’imaginais pas que tu prendrai de tels risques ! Ce genre de choses ne se fait pas !
Rose : Oh je vous en prie Jeanne, ne dites rien à Grand-Mère ! Je la déçois déjà bien assez comme cela.
Jeanne : Ce n’est pas ce qu’elle *soupir* Bon, ton Zéphir et toi prévoyez de vous marier c’est bien cela ?
Rose : Evidemment. Je n’aurai pas pris ce risque sinon.
Jeanne : Sainte Marie Mère de Dieu... C’es d’accord, je ne dirai rien.
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selidren · 2 years ago
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Eté 1901 - Champs-les-Sims
9/25
Et ils sont d’ailleurs très amoureux. Ils me rappellent l’époque ou moi et Marie nous tournions autour sous le regard vigilant de nos grand-mères respectives qui tenaient à s’assurer que tout reste le plus innocent possible entre nous. Ils sont encore jeunes, mais je conçois tout à fait l’impatience qui doit être la leur. Je leur souhaite tant de bonheur. 
Transcription :
Rose : C’est fait. Et personne n’est apparu comme un Diable hors de sa boite pour nous menacer des feux de l’Enfer. En fait, je crois bien que personne ne fait attention à nous, si ils ne nous ont pas tout simplement oublié. 
Zéphir : C’est vrai que l’interdit a du bon. En tous cas, j’ai beaucoup aimé. Vivement que nous soyons mariés et que nous puissions aller plus loin.
Rose : Pourquoi attendre ? Encore une chose que je n’ai pas comprise.
Zéphir : Et bien, pour tout un tas de raisons. Ce n’est pas convenable, et je ne voudrais pas te déshonorer et... oh, mais oui, c’est vrai !
Rose : Tu m’as déjà plus ou moins déshonorée. Mais si personne ne le sait, ce n’est pas un problème. Et aucun risque de cela ait des conséquences fâcheuses avec moi. 
Zéphir : Tu es vraiment certaine qu’il n’y a aucun risque ? 
Rose : Tranquilise toi. Si tu en as envie, je suis prête à aller au bout. 
Zéphir : Il faudra faire vite alors. 
Rose : Cesse donc de t’inquiéter. Je ne veux pas gâcher ce premier moment avec toi. Il sera toujours temps de regretter plus tard.
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selidren · 2 years ago
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Eté 1901 - Champs-les-Sims
5/25
Les relations entre Rose et Grand-Mère sont de plus en plus hostiles ces derniers temps. Entre une adolescente de quinze ans très individualiste et sure d’elle et une vieille dame toujours inquiète, il est difficile de trouver un terrain d’entente. J’ai bien tenté de me faire parti neutre pour aplanir le conflit, mais rien n’y fait. Grand-Mère ne cesse de brandir comme raison à ses inquiétudes justifiées le sort qui fut celui de ma mère. Cela ne cesse de m’agacer. Les temps ont changé. Et maintenant que Constantin est enfin en train de réaliser son rêve, je dois me charger de Rose.
Transcription :
Zéphir : Rose ! Tout va bien ?
Rose : A ton avis brillant cousin ? Je me suis isolée car la conversation était tellement charmante et stimulante que je n’ai pu la supporter. Non, je suis venue ici pour être un peu seule. 
Zéphir : Alors... tu veux que je te laisse ?
Rose : Excuse moi... Toi tu peux rester bien sur. 
Rose : J’en ai assez de Grand-Mère et de ses angoisses. J’espérais avoir un peu de répit ce soir, je me disais qu’en face de Constant et de Monsieur Hautbourg, elle n’oserai pas. C’était une grossière erreur de lui faire confiance. 
Zéphir : Moi j’ai été cuisiné toute la soirée par Cousine Jeanne. Elle a voulu me faire dire que j’aimais bien le pensionnat, mais comme je ne lui donnais pas satisfaction, elle m’a chapitré sur l’éducation que je suis censé y acquérir.
Rose : En résumé, nous avons tous les deux passé une merveilleuse soirée.
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selidren · 2 years ago
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Eté 1901 - Champs-les-Sims
1/25
Cher cousin, 
J’attends encore de vos nouvelles, mais j’avais quelque chose d’important à partager avec vous. 
Constantin s’apprête à marcher dans vos pas, il est au moment où je vous écrit sur un paquebot qui l’emmène en Egypte avec Monsieur Hautbourg. Je ne sais pas si il vous a déjà écrit, aussi je préfère prendre la précaution de vous le dire par moi-même. Tout s’est organisé très rapidement, et il y a de cela à peine deux semaines.
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selidren · 2 years ago
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Printemps 1900 - Champs-les-Sims
2/5
Les cours d’équitations ont fini par porter leurs fruits. Si dans un premier temps, elle se disait une cavalière au mieux médiocre, elle m’a assuré être aujourd’hui pleinement à l’aise et elle profite souvent de son temps libre pour aller faire de longues promenades aux alentours. Elle se rend également assez souvent au Domaine de Chastel pour y voir Zéphir.
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selidren · 2 years ago
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Eté 1901 - Champs-les-Sims
7/25
Mais trêve de digressions. Monsieur Durieux, son précepteur privé depuis qu’elle a été retirée de l’école, ne cesse de m’assurer de “l’excellente constitution de son esprit”. C’est indéniable qu’elle tient cela de son père, tout comme Constantin. Là où mes connaissances sont le fruit d’années d’étude et de dur labeur, Rose réussit tout ce qu’elle entreprend avec une facilité déconcertante. Elle parle presque mieux que moi l’allemand, et maîtrise le latin et le grec avec la même dextérité que son frère. Pendant longtemps, nos cousins Constant et Zéphir ont été mortellement jaloux de ses capacités. Il ne fait aucun doute qu’elle décrochera le baccalauréat avec les honneurs et la faculté de médecine de Paris serait folle de se passer d’elle quand elle en aura l’âge. 
Transcription :
Rose : Mais pourquoi enfin ? Si une femme peut devenir doctoresse, pourquoi un frère de baron ne pourrait-il pas travailler comme garde forestier ?
Zéphir : Ce n’est pas comme cela que ça marche. Et bien que mon frère soit considéré comme un original parmi les siens, il ne me laissera pas faire. Je pourrai bien gérer le domaine à sa place, mais il s’est réduit comme peau de chagrin au fil des années, il n’en reste presque rien. J’imagine que je pourrai toujours m’intéresser à l’horticulture. 
Rose : Tu détestes l’horticulture.
Rose : Si je dois réaliser mon rêve, il n’y a pas de raison que tu ne réalise pas le tien. Je ne pourrai pas supporter de te voir malheureux.
Zéphir : Il y a sans doute moyen de ne pas en venir à cette extrémité. T’aider à réaliser ton rêve ferait un pis-aller correct que pense.
Rose : J’ai décidé que Grand-Mère ne m’empêcherait pas de devenir médecin, c’est aussi simple que cela. Toi aussi tu peux décider que personne ne t’arrêtera.
Zéphir : Tout à l’air si facile quand tu en parles... Tu as Adelphe de ton côté. Et même Constantin.
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